Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les chroniques de l'exclusion

POÉSIE - SLAM - ROMAN Les chroniques de l'exclusion : c'est le titre du livre dont je finalise l'écriture actuellement. C'est un roman qui traitera d'homophobie parentale, de rejet mais aussi de l'histoire d'amour fusionnelle entre deux adolescents que la vie a rapproché malgré leurs craintes respectives.

Extrait d'une chronique en cours d'écriture.

La soirée se poursuivait dans une ambiance moite, les couples formés ne se cachaient presque pas, ce qui donnait à l'ambiance générale un surplus d'excitation, une sorte de tension permanente qui imprégnait chaque personne, une onde sensuelle diffuse dans les pièces de cette maison. Cette ambiance devenait trop étouffante, ainsi tu proposas de sortir prendre l'air, dans un lieu plus paisible afin de discuter. Curieux de savoir ce que tu pouvais bien vouloir me dire je te suivis et commença à te questionner en essayant de prendre un ton rassurant, ayant deviné que tu étais préoccupé.

  • Hey ça va ? Qu'as tu de si important à me dire ?

  • J'en ai marre de me cacher ! J'aimerais pouvoir vivre simplement sans avoir à calculer tous mes faits et gestes quand je suis avec des mecs....

A la suite de ces paroles tu te mis à pleurer. J'essayais de te rassurer puis je te répondis naïvement, avec une maladresse stupéfiante :

  • Mais si c'est ce que tu veux, fais le ! Ne te bride plus !

  • Tu crois que c'est aussi simple ? Si ça l'était, cela ferait bien longtemps que tout le monde vivrait au grand jour sans se soucier des conséquences...

Par tes paroles, je compris tout de suite que je ne saisissais pas encore ce que tu pouvais vivre au quotidien. J'en déduisis que ce que je voyais en te côtoyant n'était qu'une partie visible d'un iceberg, qui, au vue de ton état soudain de panique, cachait une grande partie glaçante, immergée dans un océan de complications. Ma naïveté s'en alla loin, et je ne mis pas beaucoup de temps à comprendre le problème. C'est ainsi que je me lança, non sans une pointe d'hésitation coupable au vu de mes interrogations.

  • Ne m'en veut pas si je te pose la question mais... ce que je vois en étant avec toi la journée, ce n'est qu'une partie du problème n'est-ce pas ? Tu te sens menacé quand tu es chez toi ?

  • C'est compliqué

Impossible de parler, tu craques et fonds de nouveau en larmes. Je pris sur moi d'essayer de te faire cracher le morceau.

  • Parles moi, tu sais que tu peux tout me dire ! Je ne supportes pas de te voir comme ça, parles moi je t'en supplie !

Ayant peur d'aller un peu trop loin, je te pris dans mes bras et te serras fort contre moi.

C'est ainsi que tu me révélas ton quotidien à la maison. Les discussions en repas de famille, et leurs lots inexorables de petits mots déplacés. Les visites forcés à l'église du village le dimanche matin, toi qui ne voulait pas assister aux messes, mais te trouvais forcé d'écouter les prêches, dont une, sur la famille t'avait profondément marqué. L'épisode d'un membre de ta famille, ignoré parce qu'homosexuel, rayé des mémoires et des discussions, sauf lorsque vient le moment de dire une parole pas très catholique. Cette réaction malsaine, entre ignorance volontaire et dégoût, à l'encontre de cet oncle éloigné, que tu n'as jamais vu, mais dont tu imagines le quotidien lorsque viennent les larmes, aux toilettes, à la fin du repas. Comment tu étais obligé de te retenir de donner ton avis, alors même que tu en bouillais d'envie, par simple peur de subir le même sort. Cette angoisse, pesante, qui ne te quitte plus, dès que vient le moment du retour à la maison après les cours. Cette envie de fuir mais cette impossibilité qui te freine. Ces questions coupables que l'on finit par se poser, à force d'entendre des horreurs sur ce que l'on est au quotidien...

Je me demandais comment tu pouvais supporter un tel enfer. Je me souviens que l'on a pleuré des heures durant ce soir là. Il y avait de quoi ! Et malheureusement, il n'y avait rien à dire, triste constat d'une situation amenée un jour à exploser. Je ne pus que te conseiller d'attendre le jour où tu te sentirais prêt avant de te dévoiler.

Puis, pour te réconforter, je te dévoila ce que nos deux amies et, à présent toi, vouliez savoir. Après t'avoir serré à nouveau dans mes bras je t'embrassa. Cet acte me provoqua un sentiment de soulagement, je compris à cet instant que j'étais moi aussi dans la même galère ! Mais, même si la discussion que l'on venait d'avoir avait été terrible, j'étais heureux de pouvoir enfin me dévoiler à toi.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article