Déchéance d'humanité

Mardi 12 juin,

Il est rare que je m'exprime ici sur l'actualité, mais je ressens ce soir le besoin d'évacuer ma journée, de partager mes sentiments par des mots. Je suis dépité, je ne saurais dire si c'est la météo maussade depuis trop de jours, les rideaux de pluie qui intensifient ce flot d'ondes négatives ce soir... Toujours est-il que mon enthousiasme est perturbé, mon humeur orageuse. Mais à choisir je préfère mon spleen embrumé à votre déchéance d'humanité....
Car on en est rendu à cela, on regarde figés et aveugles regarder passer un bateau comme on eût laissé passer les trains. On montre les avions dans le ciel à nos gamins en feignant ne pas en connaître le destin, ni les vies que ces engins emmène vers l'inconnu en silence. Et surtout on se tait, fatalement on reste muet. Sauf pour critiquer son voisin bien sûr ! Un gouvernement en critique un autre alors que le premier fait l'aveugle, l'autruche. Une association s'en prend à une seconde, qui n'avait fait que son travail, en oubliant de défendre un humain en détresse pour des questions de point de vue, drôle de mot quand je pense que leurs yeux se sont fermés. Moi mes yeux ne se ferment plus, paralysés par la rage qui m'a envahi aujourd'hui. 

La colère, saine colère en aurait dit d'autres, ce sentiment qui vous fait commettre parfois le pire, cette bête m'a envahi. C'est souvent le manque de compréhension qui mène à cette expression d'agressivité. En effet, je ne comprend pas, ne comprend pas comment on peut laisser une personne qui milite dans une structure d'utilité publique être expulsé dans un pays où il risque la vie pour cause d'homosexualité. Certains la conteste ? elle n'a besoin que d'être présumée pour attirer irrémédiablement le danger dans certaines contrées. Il ne faut pourtant pas avoir inventé l'eau chaude pour le deviner ! C'est le cas en Guinée...
Mais non on préfère se confondre en identité, celle du doux pays des droits de l'homme. Je n'ai pas mis de majuscule ? Normal on ne les mérite pas, tout comme ce titre, usurpé depuis bien longtemps. Nous ne pouvons justifier d'un tel honneur quand on demande à une personne de "prouver" son homosexualité, encore moins à un réfugié. Nous ne pouvons y prétendre quand on refuse l'asile à une personne en danger, alors même que cet homme milite pour permettre à nos concitoyens de ne pas être infectés par une saloperie encore bien active, elle, au contraste de votre passivité depuis des mois, ministres comme députés, justice et préfet excepté... Nous ne serons jamais le pays de ces droits quand, non content de condamner à être enfermé un homme qui a voulu sauver sa peau, on l'expulse sans retour possible vers la sécurité dans son pays où on lui posera moins de questions sur son homosexualité, emprisonné ou tabassé, voilà sa destinée même "présumé" !

Ce soir, Macron, Collomb, Schiappa, et tant d'autres dorment dans un lit douillet.
Moussa lui, rêve de son sort, éveillé....