J'attends

20 Novembre 2018

J’attends,
Planté, accoudé au bar,
Comme un pauvre alcoolique,
J’attends,
Je ne sais quel lubrique
Garçon qui serait perdu ce soir.
Je suis là,
Figé comme un con depuis,
Je ne sais pas pourquoi tu m’as fui.

Je dévale les verres de rhum
Comme tes douces courbes,
Celles dans mes souvenirs,
Comme le regard fourbe,
De celui qui vient de m’éblouir.
Un Apollon vient d’entrer dans la danse,
Prêt à me faire oublier tous tes sens,
Et tous ces maux que tu m’as infligés, je pense.

Je m’abandonne en lui,
Je passe ma nuit à me croire en vie,
Avec cet inconnu, que je baise à nu,
Avant qu’il ne parte vers d’autres envies.
Avec cet inconnu, que je baise à nu…
Sans réfléchir aux risques, quelle folie !

J’attends,
Angoissé, que l’heure du verdict sonne.
Je reste planté,
A me nouer la gorge jusqu’à me rendre aphone.
Oui j’attends,
Que vienne la peur, je tremble déjà de sueur.
J’en suis malade.

Les souvenirs se choquent et défilent sans tri,
Je passe des semaines, à réfléchir sur ma vie,
Comme s’il fallait songer à la maladie
Pour pouvoir se libérer de ses chaînes.
Douce ironie du sort, je vis en songeant à la mort,
J’accepte la sentence, provoqué par un coup de semences.

Mais j’attends,
Assis sur une pauvre chaise en plastique,
Je reste encore planté,
Et mes doutes sont redevenus toxiques.
Simplement j’attends,
Les réponses pour lesquelles on me pique.

Je suis ailleurs maintenant,
Ecoutant la machine folle de mon cœur,
Battant d’une terreur qui redécolle.
Je prends conscience à présent
Que ma vie peut basculer,
Quand j’aperçois le voile abstrait
Du son de la voix du mec qui m’a dépisté.
Le verdict est tombé :
Ce n’est pas pour cette fois, soyez rassurés !