Particules

De retour aujourd'hui pour un nouveau défi d'Evy ! A retrouver sur son blog "Plume de Poète" (Article partagé précédemment). Pour ce défi je pense être parti complètement à contre pied du sujet tout en le respectant. J'avais en effet un message à faire passer à travers mes mots, qui démarrent en poésie, pour terminer sur du slam, de la déclamation.

Le sujet de la semaine "Voile de Brume"

Et la liste de mots :

Perles, givrés, finesse, arabesque, tremble arbre, invisible, chasse, sensation, silence.

Réveil hivernal, la bise cisaille les prés,
Alors que le soleil aux rayons voilés,
Dessine son arabesque dans l'obscurité.
Depuis les champs, tout de givre brûlés,
Le vieux paysan sur son tracteur rouillé
Distingue à peine les arbres de la forêt,
Sa sylvestre voisine de la brume colorée,
Qui s'est posé dans la nuit sans rien demander,
Peindre une fresque aux nuances fumées.
Et dans la quiétude de ces lieux reculés,
De sa présence faire beaucoup parler.
En regardant les vaches brouter,
La doyenne se remémorait le passé,
Arguant que l'on en avait vu des plus épais !
Et la Marie jura que le soleil finirait par percer,
Que cette brume qui l'irritait, finirait par se lever.
Mais la brume ne se leva pas...

La brume ne se leva pas non plus sur les pavés,
Battus par le froid matinal dans la cité.
Pendant que la mère déambulait à pied,
Conduisant son bébé d'un pas décidé,
Jusqu'à la crèche de son quartier.
Un flot incessant de voitures étaient à l'arrêt,
Entraînant dans le vent, klaxons et rejets,
Comme des marqueurs indélébiles et secrets,
De l'empreinte humaine et de son activité.
La mère comme pour mieux se persuader,
Et se voiler la face sur ce rideau grisé,
Regarda dans le ciel la lumière percer,
Et pointer de ses flèches la responsabilité,
Sur les perles de particules qui s'échappaient,
Et s'élevaient tout en finesse et légèreté,
A travers cette brume attisée qui se répandait,
Qui se répandait...

Et à mesure que la brume se répandait,
A travers l'air des villes et des vallées,
Une sensation désagréable envahissait,
Les badauds qui inconscients du danger,
Mettaient le nez dehors dans l'inodore buée.
Le vieux paysan qui à présent toussait et crachait
Autant que son tracteur depuis des années,
Pensa avoir pris mal à la chasse dans la matinée.
C'est vrai après tout qu'il y faisait bien frais !
La Doyenne qui voyait ses mains trembler,
Accusa la rudesse de l'hiver cette année.
La Marie dans sa boulangerie éternuait,
Et de bon cœur pensa s'être enfarinée.
La mère voyant son enfant très fatigué,
Se lamentait sur les virus saisonniers.
Et les particules âcrées de brumes insoupçonnées,
Pendant ce temps là, s'épaississaient, s'épaississaient...

Et pendant ce temps là, la brume s'épaississait,
Invisible pour ceux qui ne savent regarder,
Bien trop occupés à se faire un max de blé,
Sur notre dos et celui de notre santé !
Alors les particules s'en sont vues accélérées,
Dans l'air, les OGM ont continué à se propager,
Dans le sol, le glyphosate a été pulvérisé
Et dans l'eau, les nitrates se sont infiltrés...
Et pendant ce temps là, la brume s'épaississait,
Dans les voitures, de ralentir on se devait,
Dans les villes, des masques on devait porter,
Pour ne pas finir comme bébé et son asthme diagnostiqué.
Et pendant ce temps là, la brume s'épaississait,
Aveuglant le politique qui refuse de bouger.
On entend encore le bruit de son silence alimenter,
En silence les particules qui depuis plusieurs années,
Nous polluent de leur voile de brume.​