POÉSIE - SLAM - ROMAN Les chroniques de l'exclusion : c'est le titre du livre dont je finalise l'écriture actuellement. C'est un roman qui traitera d'homophobie parentale, de rejet mais aussi de l'histoire d'amour fusionnelle entre deux adolescents que la vie a rapproché malgré leurs craintes respectives.
20 Mars 2020
Quatrième jour, ou plutôt nuit, car pour cette nouvelle chronique l'inspiration m'est venue de la nuit la plus profonde, celle d'où habituellement le silence recouvre ses droits. Il est 3h, Saint Etienne dort profondément, les rues habituellement désertes, le sont encore plus sans un noctambule pour la réveiller. L'autoroute n'existe plus, pas même une voiture n'y circule au loin, mais pourtant cette nuit ne fait pas qu'un avec le silence.
La nature aurait-elle repris ses droits sur le béton et les activités humaines, ou serait-elle, avide de pouvoir enfin s'épanouir sans entrave, devenue simplement trop gourmande, ou juste folle ? On se le demande. Mais une chose est sûre, le concerto auquel j'assiste est pour moi inédit ! En oiseau de nuit que je suis, il m'est souvent arrivé de finir ma soirée à l'aube quand les moineaux ou autres alouettes se levaient, en nous offrant leur chant matinal. Je n'ai pas souvenir d'avoir entendu ce chant dans les profondeurs obscures... Alors pourquoi tous ces pierrots se prennent à une mise en scène nocturne, eux qui d'ordinaire dorment simplement ? Peut-être ont-ils toujours fait ça, et peut être sont ils simplement plus nombreux que d'habitude maintenant que l'homme n'est plus là pour les déranger. La nature a repris sa place sur la ville ? Mais il ne m'a jamais semblé entendre tel spectacle dans ma campagne... Les oiseaux seraient-ils simplement déboussolés ? Ça pourrait se comprendre, dérangé habituellement par nos activités, peut être n'ont-ils simplement plus l'habitude d'être au calme... Les piafs se prennent à chanter pour se venger de nous ? Ce serait tellement risible, je les comprends, de nous empêcher de dormir à présent comme nous les avions empêché de vivre auparavant ! Je ne sais pas ce qui les agite comme cela, peut-être ont-ils simplement senti que quelque chose ne tournait plus rond dans notre monde, à la vue des oiseaux de nuit qui s'agite chez nous, à la lueur des lampadaires... Et alors que je m'interroge la réponse vient à moi, peut-être ont-ils toujours été gênés par la pollution lumineuse ! Les merles chantent au printemps leurs amours, et la lumière leur produit la testostérone qui les pousse à chanter. Ils chantent à l'aube naissant d'ordinaire, mais là, le terme de pollution lumineuse n'a jamais aussi bien porté son nom !
Mais c'est bien une autre agitation que je voudrais saluer aujourd'hui, je l'ai déjà fait d'ailleurs ces derniers soirs, il était 20h, Saint-Etienne ne dormait pas encore, bien au contraire elle donnait son plus beau concerto. Ici pas de chants, pas de spectacle, mais un simple claquement de mains, une simple ovation, pour tous les soignants, tous ces oiseaux de jours comme de nuit qui prennent des risques pour nous guérir, pendant que nous sommes là à les encourager. À les encourager de travailler, à les encourager à avoir du travail aussi... Car la plupart d'entre nous pouvons nous permettre d'applaudir, quand je vois le nombre incalculable de personnes qui sortent alors qu'elles n'ont pas de raisons valables de le faire ! Des imbéciles défiant l'entendement. Mais malgré la gravité des faits, malgré ces pauvres esprits réticents, applaudissons, car si ils n'étaient pas là, que ferions nous, si nous devions, avec ce civisme qui ne nous caractérise pas, nous sortir de cette crise seul. Oui applaudissons les, et pas que les soignants, tous ceux sans qui nous serions dans la merde. Tous ceux qui nous supportent ou supportent nos excès : les soignants donc, mais aussi les caissiers, les éboueurs, les livreurs, les policiers même. Tous ceux sans qui ce serait déjà le chaos car visiblement certains ne savent pas se gérer eux même, même pas quand il s'agit d'acheter à manger normalement... Alors oui, applaudissons tous ces héros, chaques soirs à 20h, ils le méritent grandement !
Car quand le crépuscule arrivera, que la dernière lueur du quatrième jour se couchera, les oiseaux de nuit, comme le jour, chanteront pour mieux acclamer leurs partenaires de danse, qui dans la nuit sombre, continueront leur sinistre farandole, au mépris de la nocivité de l'atmosphère, pour nous permettre simplement de voir l'aube se relever.