2 Août 2023
Je respire...
Je respire...
Je respire, sorti du ventre de ma mère,
À la découverte de cette Terre,
Dont je ne peux qu'humer l'essence,
Dans cet état qu'on appelle naissance.
Je respire l'odeur de la terre brûlée,
L'odeur des arbres et de la forêt
Et de mes premiers pas mal assurés,
Dans ce monde là, bien aliéné.
Je respire l'odeur des premiers émois,
L'odeur de ta peau, comme tu es fier !
Alors que toi aussi mon homme de joie,
Tu sais qu'ici un homo, ça ne respire pas...
Je respire l'odeur du voyage,
Je soupire la douleur de l'exil,
L'agression d'un vil sable sauvage
Et des déserts infinis et hostiles.
Je respire la fin de l'innocence,
Je ressens la soif, la faim, la douleur,
La lourdeur des pas et de l'errance,
Et des larmes taries par la chaleur.
Je respire l'odeur de l'argent sale,
La fin des rêves, la Libye longue escale,
L'esclavage, le corps qu'on ravage,
Pour simplement reprendre le voyage.
Oublier sa vie pour un peu de billets,
Tromper la mort pour un peu de billets,
Vendre son corps pour un peu de billets...
Ne plus avoir de dignité, angoisser,
Ne plus avoir le temps de respirer.
(Soupir) Enfin.
Enfin, je peux respirer les senteurs iodées
Des eaux douces de la Méditerranée.
Des flots bleus baignés de quiétude,
D'une vie d'après qui joue ici son prélude.
J'imagine déjà ma liberté,
Une autre vie où je pourrais
Simplement aimer un homme ma foi,
Sans être jugé à chaque fois.
J'imagine déjà l'effet que ça fait,
De lui tenir la main, de le serrer si fort,
Sans qu'on me donne un coup plus fort, encore,
J'imagine comme t'es beau, j'imagine comme c'est bon,
Ouais j'imagine déjà l'effet que ça fait.
Alors j'imagine déjà toucher terre,
Toucher du doigt l'Italie,
Toucher du doigt la liberté,
Toucher du doigt la vie, ma vie.
Dans la Méditerranée j'ai imaginé toucher,
Dans la Méditerranée touché, coulé,
Avec moi des milliers,
Qui ne respirent plus...
Qui ne respirent plus...
Qui ne respirent plus.